«De tous nos meilleurs romans, écrit-il, c'est le moins lu. Pourtant, on pourrait facilement dire que c'est le plus grand.» - D.Arcand
Grande surprise pour moi, j'avoue de ne pas connaître ce livre...
Trente arpents (1938) est un roman qui trace un portrait plutôt tragique que romantique du fermier canadien et rompt ainsi avec la tradition de l'idylle régionale. Il présente la vie rurale du Québec comme étant soumise à la fois aux caprices du climat et au choc de l'URBANISATION. Sous le pseudonyme de Ringuet, l'auteur Philippe PANNETON décrit la déchéance d'Euchariste Moisan depuis sa jeunesse prospère, pendant laquelle il vit comme s'il était marié à sa ferme, jusqu'à sa vieillesse, pendant laquelle il vit dans la pauvreté et prisonnier d'une ville industrielle américaine. Les conflits entre générations se font sentir autant à la campagne qu'en ville. La vie rurale avant la Première Guerre mondiale n'est d'ailleurs pas vraiment meilleure que la vie urbaine. Panneton, qui affirme faire davantage partie du courant réaliste que du naturalisme, emploie les saisons comme symbole et comme structure, dans le but de révéler la fragilité de l'espoir humain face aux forces indifférentes de la nature et du temps. Le roman gagne des prix en France et au Québec et la traduction de Felix et Dorothea Walter, Thirty Acres, remporte le prix du Gouverneur général en 1940. Il est aussi traduit en allemand.
En 1933, Claude-Henri Grignon écrivait un récit de mœurs paysannes sans se douter que son œuvre obtiendrait le succès incroyable qu'elle a connu et que le nom de son personnage principal, Séraphin, désignerait désormais dans le vocabulaire populaire, un vil avare.
Ce célèbre roman qui se veut être un « pamphlet contre l'argent », a été écrit en moins de 3 mois et publié pour la première fois en 1933 aux éditions du Totem. L'intrigue d'alors était beaucoup plus mince que celle qui a été présentée par la suite. Elle prenait la forme littéraire d'une nouvelle et Claude-Henri Grignon l'a constamment modifiée ou enrichie pour les besoins de la radio, des films et de la télévision.
Porté par des nombreuses qualités qui se démarquaient des styles littéraires de l'époque - ton brut, primitif, direct - le roman traversa les âges et fit l'objet de 30 rééditions en 75 ans. Une édition de collection non commercialisée a d'ailleurs été tirée pour souligner ce 75e anniversaire, prenant l'allure d'antan avec une couverture jaunie et une typographie ancienne.
Pourtant, l'histoire d'Un homme et son péché est simple : elle se déroule à la fin du XIXe siècle, au temps de la colonisation, dans les Hautes Laurentides et raconte la vie de Séraphin Poudrier, célèbre avare qui domine les gens de son village avec sa fonction de maire et surtout avec son argent. Il sacrifiera tout pour satisfaire son vice. Cet avare marquera cependant l'imaginaire des Québécois et le quotidien des personnages fera revivre celui des hommes et des femmes qui ont colonisé les Hautes Laurentides. C'est d'ailleurs grâce à ce roman, et par la suite, ses interventions dans nombre de scènes du téléroman, qu'on reconnaît aujourd'hui le rôle important qu'aura joué le curé Labelle au temps de la colonisation.
Les Plouffe (1948), roman de Roger LEMELIN, dans lequel l'auteur dresse, avec humour, un portrait très juste de la classe ouvrière de la basse-ville de Québec. La saga de la famille Plouffe couvre la période de la Seconde Guerre mondiale et présente, dans la tradition socio-réaliste, des personnages inoubliables : Ovide, le sensible, qui hésite entre la religion et l'amour; Guillaume, le farceur et, surtout, le héros sportif local; Cécile, la vieille fille aigrie; Théophile, l'inconditionnel « anti-Anglais »; le curé Folbèche, dissident de l'Église et patriote silencieux; et la belle Rita Toulouse. Les imbroglios de l'ambitieux journaliste Denis Boucher, ami d'Ovide et personnage principal du premier roman de Lemelin, sèment le trouble dans une communauté confrontée à la censure, à la conscription et aux syndicats militants catholiques. Peuplé de conducteurs de tramways, de typographes de journaux, de prêtres indiscrets et de voisins curieux, le récit de Lemelin est à la fois une satire et une éloge du mélange des influences américaines et catholiques dans la culture populaire locale. Traduite sous le titre The Plouffe Family (1950), l'histoire est adaptée pour la télévision en anglais et en français et diffusée sur les ondes de Radio-Canada, dans les années 50. Gilles CARLE en fait un film en 1981.
En 1939, Claude-Henri Grignon adapte son roman pour la radio. Dès les premiers épisodes, ce roman radiophonique gagne le cœur des auditeurs qui s'attachent aux différents personnages et tout particulièrement à Donalda (interprétée alors par Estelle Maufette) la douce épouse de ce Séraphin (Hector Charland) détestable. L'émission tiendra l'antenne de Radio-Canada de 1939 à 1962.
Bonheur d'occasion (1945), est un roman de Gabrielle ROY dont l'histoire se déroule dans le quartier pauvre de Saint-Henri, à Montréal, durant la Deuxième Guerre mondiale. C'est le premier exemple de réalisme urbain dans la littérature canadienne-française. Les habitants voient dans la guerre leur salut, ils pensent qu'elle les délivrera du chômage.
Jean Lévesque, un ingénieur ambitieux mais égoïste, séduit Florentine Lacasse, serveuse dans un casse-croûte. Enceinte, Florentine épouse un soldat aux idéaux naïfs, Emmanuel Létourneau. Sa mère, Rose-Anna, est une mater dolorosa moderne qui donne naissance à un enfant de plus et perd son mari à la guerre. Le jeune frère de Florentine, Daniel, se meurt de leucémie à l'hôpital et connaît pour la première fois le confort matériel, entouré de nouveaux jouets futiles. Gabrielle ROY décrit avec compassion et perspicacité ces personnages qui sont en train de perdre toutes leurs illusions.
La trame
Madame Guèvremont a situé l'action de son roman au Chenal du Moine, petit hameau situé non loin de Sorel. qu'elle a appris à connaître à travers sa belle-famille , originaire de ce coin de pays.
Au talent avec lequel l'auteure décrit les scènes, les odeurs et les bruits de St-Henri vient s'ajouter le regard ironique qu'elle pose sur cet univers. Le roman gagne plusieurs prix, dont celui du Gouverneur général, et est traduit à deux reprises, sous le titre The Tin Flute, par Hannah Josephson (1947) et Alan Brown (1981).
Devenue un classique de la littérature québécoise, Le Survenant, œuvre de Germaine Guèvremont, inspirera non seulement un radio-feuilleton et une série télévisée mais sera aussi portée au grand écran à deux reprises, soit en 1957 et beaucoup plus tard, en 2005. Ce roman devait être le premier d'une trilogie que madame Guèvremont se proposait d'écrire, Marie- Didace, publié en 1947, en sera la suite.
La trame
Madame Guèvremont a situé l'action de son roman au Chenal du Moine, petit hameau situé non loin de Sorel. qu'elle a appris à connaître à travers sa belle-famille , originaire de ce coin de pays.
Un étranger, venu d'on ne sait où, se présente un jour chez les Beauchemin, demandant gîte et couvert pour la nuit.. S'avérant être un bon travailleur, le père Didace lui offre de le garder pour l'hiver en lui faisant faire différents petits travaux. Une voisine, désavantagée par la vie et souffrant d'une légère claudication s'éprend de cet homme séduisant , épris de liberté. On le surnommera le « Survenant » , lui qui a toujours refusé de donner son nom. Autour de ce qui n'aurait pu être qu'une banale histoire d'amour, gravitent les gens du village. Cet étranger qu'on appelle aussi « le grand dieu des routes » séduit par sa verve et les péripéties de sa vie de globe-trotter, bouleversant ainsi cette petite communauté rurale. Il y aura alors confrontation entre le rythme de vie des habitants, régi par les saisons et la liberté de cet étranger ouvert sur le monde. Le « Survenant » sacrifiera-t-il l'appel de la route et du « vaste monde » comme il le surnomme, à l'amour inconditionnel d'Angélina et à l'amitié de Didace? Son départ, aussi inattendu que son arrivée, brisera bien des cœurs.
Bien qu'étant avant tout une grande histoire d'amour et de liberté, ce roman dépeint les mœurs de l'époque dans un décor dont la description est exceptionnelle. On y décline aussi les valeurs de ce temps qui contrastent étonnamment avec celles de son personnage principal épris de liberté , d'aventures et qui conteste haut et fort le matérialisme et l'esprit de clocher.
Le roman Le Survenant doit son succès à trois éléments principaux soit à la véracité de ses personnages à laquelle on adhère dès les premiers chapitres, à la description exceptionnelle du milieu où se déroule l'action et enfin au style de l'auteur, sensible, juste et poétique.
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