Mes lectures : Les jérémiades de Simon Boulerice
Voici un jeune auteur qui se démarque. Ce livre brillamment écrit raconte l’histoire d’un adolescent en début de puberté qui tombe amoureux d’un garçon un peu plus âgé. Leur amour éphémère ne dura que jusqu’à la puberté complète quand la voix aura mué et que les poils auront poussé. Le plus vieux qui aimait l’apparence plus jeune et plus féminine que plus jeune s’en désintéresse. Simon Boulerice va très loin dans le pathétique. J'en étais mal à l'aise! C'est ça savoir écrire. Une peine d’amour à laquelle on s’identifie, peu importe l’orientation sexuelle.
http://www.editionssemaphore.qc.ca/catalogue/les-jeremiades/
Mes lectures : les romans de Robert Tessier
Robert Tessier n'a pas peur des défis. La preuve, depuis plus de 10 ans, il aborde de front le thème du transgendérisme dans ses romans.
Le thème est au coeur et tisse l'intrigue de ses plus récents titres, Le matin des magiciennes et Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, publiés aux Éditions de l'Étoile de Mer.
Dans Le matin des magiciennes, June veut comprendre ce qui pousse autant d'hommes à se féminiser ? Elle s'embarque dans sa recherche qui la mènera dans le monde des travestis, puis des transsexuelles, en compagnie d'une amie Lyne, de son ex-mari et d'une transgenre excitante, Annick. Ce livre se veut également instructif, puis que par leurs discussions, les protagonistes nous font découvrir l’état des recherches sur les causes probables. Il est évident que Robert Tessier, détenteur d’un doctorat en sciences des religions, a fait une recherche exhaustive avant d’écrire son roman.
Dans Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, Marie-Anne est biologiquement un homme qui parle d'elle au féminin. Chaque soir, elle ne métamorphose en femme sans toutefois vouloir changer de sexe. La nature ayant été généreuse envers elle, puisqu'elle est d'une beauté rare, il va sans dire qu'elle plaît. Par contre, elle vit dans le doute et suit une psychothérapie dans le but de mieux se comprendre et aller au-delà de son ambivalence. Comment aller outre ses contradictions ? Comment expliquer et mieux vivre son androgynie.
Natif du Témiscamingue, Robert Tessier a grandi dans la région de Québec, « que j'ai quittée à l'âge de vingt ans parce que j'en trouvais la mentalité trop conservatrice et conformiste. » DEC en lettres, en mains, il a passé « une année de bohème à Montréal, en chantant avec ma guitare dans des boîtes du Vieux-Montréal » Il est retourné aux études en enseignement secondaire.
« Ma principale spécialité était la morale, et plus précisément la sociologie de l'éthique, domaine dans lequel je me suis rendu jusqu'au doctorat. Ma thèse a porté sur les mécanismes sociologiques de l'émergence dans la société québécoise des préoccupations environnementales et d'une éthique correspondante dans les années 80, en particulier autour de la question des pluies acides. Je fus chargé de cours et professionnel de recherche à l'UQAM pendant une vingtaine d'années tout en gardant un pied sécuritaire dans l'enseignement secondaire. »
Mais la littérature et la poésie ont toujours été une passion pour Robert Tessier.
« Il me semblait que la littérature, et la poésie en particulier à cette époque, avait quelque chose à apporter au monde. Cela permettait à mes yeux d'humaniser la société et chacun d'entre nous, à commencer par moi-même. »
Il a publié plusieurs ouvrages savants dans le cadre de sa carrière universitaire, mais c’est à la retraite, et oui, notre beau jeune homme est déjà retraité, qu’il a pu se consacrer à sa passion et écrire.
« Ce qui m'inspire, c'est l'idéal de sortir de la conformité. Je pense que nous sommes fondamentalement des êtres libres, et qu'il est dommage que nous nous emprisonnions dans toutes sortes de patterns de comportements et d'idées préétablis. Je veux que mes livres soient déstabilisants, fassent réfléchir et déclenchent des remises en question fondamentales concernant des thèmes tels que, qui sommes-nous? D'où venons-nous? Où allons-nous? D'ailleurs, j'adore la grande toile de Gauguin qui porte ce titre. Mes romans portent en fait sur ces questions. »
Et voilà où le thème transgenre trouve tout son sens dans la démarche littéraire de Robert Tessier. Son intérêt pour le non-conformisme, la remise en question de l’ordre établi et le droit à l’individualité et à la différence expliquent l’attrait de la transsexualité.
« Pour moi, les transsexuel-le-s et, plus généralement, les personnes qu'on appelle maintenant transgenres parce qu'elles vivent entre les deux genres justement, représentent un très bel exemple de liberté. Elles nous rappellent que l'humanité est diverse et que les frontières qu'on dresse entre les personnalités masculine et féminine sont loin d'être étanches. Elles revendiquent le droit d'être elles-mêmes au-delà de ces différences qui ne sont en fait que culturelles alors qu'elles mènent trop souvent à de l'intimidation et à la discrimination sous le seul prétexte qu'un garçon est perçu comme efféminé, ou une fille comme un garçon manqué. C'est pourquoi il y a plein de ces personnes dans mes romans et, en particulier, dans mon dernier. D'abord secondaire, ce thème est devenu de plus en plus central dans mes romans et cela ira encore plus loin dans le prochain. »
Robert Tessier n’exploite pas le caractère sensationnel du transgenre. Il n’utilise pas ce thème pour choquer ou mousser ses ventes de livres. Ses personnages trans dans tous ses romans le sont, parce qu’ils ou elles le sont. Ils-elles ne sont pas des clowns de cirque, ce n’est pas un freak-show qu’il nous offre.
Biographie de Robert Tessier:
La chevauchée des hippocampes, Éditions Point de Fuite, coll. «Points de suspense», 2003, 164 pages
Les dessous du paradis, Éditions Point de Fuite, coll. «Points de suspense», 2005, 159 pages
Le matin des magiciennes, Éditions de l'Étoile de Mer, 2011, 142 pages
Le fil de Marie-Anne, entre deux eaux, Éditions de l'Étoile de Mer, 2012, 230 pages
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